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Intégrer la pleine conscience et l’autocompassion dans l’approche familiale de l’anorexie mentale




Dans la prise en charge de l’anorexie mentale chez l’enfant et l’adolescent les approches mobilisant la famille font parties des approches les plus efficaces dans le soin ambulatoire. Dans l’approche Family Based Treatment (FBT), les parents sont encouragés à aider l’enfant à se nourrir en proposant un cadre à la fois ferme et bienveillant. Les parents reçoivent, dans ce soin, de la psychoéducation sur la maladie, des conseils concrets leur permettant d’aider leur enfant mais également des outils de communication afin de maintenir des relations familiales qualitatives, facteur important de la guérison. Même lorsque les principes sont bien compris ils restent parfois difficiles à appliquer. Les principales difficultés rencontrées par les parents sont d’ordre émotionnel : anxiété de voir son enfant en difficulté, colère dans les phases d’opposition, culpabilité de ne pas y arriver…Ces émotions peuvent mener à des attitudes dysfonctionnelles : résignation, critique de l’enfant malade, forcing inadapté… Cela alternant la qualité du soin mais également la qualité des relations intra-familiales. Le stress qu’induit l’aide au repas est également un facteur fréquent d’épuisement parental menant à l’échec du soin ambulatoire.

L'intégration de la pleine conscience (PC) mais aussi de l’autocompassion (AC) dans le travail parental, aux côtés des interventions parentales existantes, peuvent être des liens manquants pour un changement parental efficace. La pleine conscience et l’autocompassion peuvent éliminer les barrières communes au changement parental et notamment la réactivité émotionnelle. La pleine conscience peut également aider les parents à construire des ressources intérieures qui peuvent être essentielles pour prévenir l’épuisement parental.

Le professionnel de santé peut dans un premier temps favoriser les compétences de PC et d’AC , voici quelques pistes non exhaustives - Amener les parents vers une attention curieuse et non jugeante de leurs réactions émotionnelles associées à des situations de tension ou d’impuissance. Le thérapeute peut, lors d’un entretien parental, favoriser l’expression des émotions, les normaliser et les valider. En incarnant une posture ouverte et compatissante il favorise ainsi, par modeling, l’internalisation d’une attitude compatissante

- proposer des exercices expérientiels concrets permettant aux parents de mieux accueillir leur ressenti. Le thérapeute peut par exemple réactiver une situation de détresse émotionnelle par évocation et amener les parents à observer avec curiosité des sensations corporelles associées ainsi que les pensées

- Faire émerger des perspectives favorisant l’autocompasion. Le thérapeute peut par exemple proposer la perspective suivante : « lorsque vous êtes en colère lorsque votre fille et que vous vous jugez durement de ne pas arriver à contrôler cette colère que pourrait faire pour vous la personne la plus douée de bienveillance que vous connaissez ? »

- Aider le patient à mieux conscientiser ses séquences comportementales automatiques et dysfonctionnelles. Le thérapeute peut ainsi faire lister les attitudes parentales automatiques et peu efficaces et proposer aux parents de ralentir lorsqu’il repère cette tendance à agir. L’idée est ici et de favoriser un choix comportemental non automatique et motivée par l’idées d’être aidant (valeur). Ralentir – Observer – Choisir sont les 3 compétences centrales entrainées par la PC


Pour de nombreuses familles, la PC et l’AC peuvent être des ressources transformatrices qui peuvent retirer les parents du pilote automatique et les ouvrir à de nouvelles attitudes plus aidantes permettant à la fois d’être plus efficace dans le soin mais également de maintenir une qualité de vie liée à des expériences individuelles et collectives (famille) plus satisfaisantes.

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